Récit

Joe Boehler : Un Cri de l’âme qui résonne à Monaco

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L'artiste Joe Boehler sera présent à Monaco après chaque diffusion de son documentaire © Marko Stevic

L’artiste est à retrouver après chaque diffusion de son documentaire et au salon Art3f dès vendredi prochain jusqu’à dimanche, 25 août.

L’artiste suisse Joe Boehler, connu pour ses œuvres profondes et chargées en émotion, s’apprête à conquérir la Principauté. À l’occasion de l’exposition qui aura lieu au salon Art3f, du 23 au 25 août, le public monégasque est invité à découvrir ses toiles puissantes et à plonger au cœur de son univers artistique à travers le documentaire Cri de l’âme.

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Né en banlieue de Strasbourg en 1945, Boehler a toujours ressenti un besoin viscéral de créer. Pourtant, il n’est pas simple de se lancer à cette époque quand on manque de l’aval de ses parents et en particulier de son père. Tant pis, Joe Boehler commencera comme pâtissier. Au moins son art pourra déjà commencer à s’exprimer.

Son parcours atypique, marqué également par un tour de France en tant que compagnon, a façonné sa vision du monde et de l’art. Ses œuvres, souvent réalisées à partir de matériaux bruts et travaillées avec une énergie brute, elle aussi, sont autant de cris du cœur, de témoignages d’une sensibilité à fleur de peau.

L'angoisse du Reg'Art d'outre ailleurs
L’angoisse du Reg’Art d’outre ailleurs -Joe Boehler © Fondation ABPi

Un art brut, un cri du cœur

Comme nous l’indique Fanny Audemars, curatrice de l’exposition, « les gens sont surpris par la diversité de ses œuvres. » Il faut dire que Joe Boehler est un artiste complet et l’homme aux plus d’un millier d’œuvres étonne par son processus créatif et sa pluralité. Difficile aussi de le classer dans un style, un mouvement. L’intéressé définit d’abord ses œuvres comme « un accident de mystères » même s’il avoue qu’à ses débuts, il baignait plutôt dans une sorte « d’expressionnisme allemand. »

Les toiles de Boehler ne sont pas de simples représentations du réel, mais plutôt des catharsis, des libérations de tensions intérieures. Il le dit lui-même, c’est comme une « bonne psychanalyse. » L’artiste confie dans le documentaire « blesser la toile » lorsqu’il crée. Pour lui, le trait d’un tableau se fait dans la souffrance. C’est cette même souffrance qui libère un vrai trait, un trait profond, qui parle, qui fait ressentir quelque chose au peintre mais aussi aux visiteurs.

Joe-Boehler-exposition
© Dominique Othenin-Girard

Cette approche radicalement personnelle se traduit par des œuvres où la matière semble vivre, vibrer, souffrir à travers une palette de couleurs vives, avec des formes torturées, permettant de « susciter une analyse chez les spectateurs. »

Les mineurs, une source d’inspiration

Un thème récurrent dans l’œuvre de Boehler est celui du monde ouvrier et des artisans. « Sans les artisans, on n’existe pas », explique Fanny Audemars. C’est en 1976 que Joe Boehler découvre le monde ouvrier. Revenant d’une exposition à Deauville, il passe par la Lorraine et fait face à une grève de mineurs. C’est l’incompréhension pour lui, « ils ferment les mines, ils devraient être contents ! Pourquoi ils sont en grève ? Je ne comprenais rien. »

Rentré en Suisse, l’artiste décide de s’enfermer totalement dans des mines de sel pour mieux comprendre leur univers et leur souffrance. En a découlé une trentaine de tableaux parmi eux quelques-uns de ses chefs d’œuvres, réussissant à capter « la puissance et la beauté de l’horreur » émanant de l’obscurité des mines.

Ce moment fondateur dans la carrière de l’artiste a profondément marqué son art. Fanny Audemars explique que, « comme une reconnaissance, Joe met en avant les gens de l’ombre. »

Une exposition et un film pour une immersion totale

L’exposition qui se tiendra à Monaco présentera une dizaine de tableaux de l’artiste dont cinq œuvres inédites pour la Principauté qui n’ont encore jamais été révélées au public. Les visiteurs pourront ainsi découvrir son style et les matières particulières utilisées (béton, colle, encre de chine…).

En parallèle, le documentaire Cri de l’âme offrira une immersion complète dans l’univers de l’artiste, dévoilant les coulisses de sa création et les secrets de son inspiration et de son histoire riche. Trois diffusions sont prévues. La première, vendredi 23 août, au Musée océanographique à 17h30. La deuxième et la troisième seront présentées au Grimaldi Forum dans la salle Genevoix le 24 et 25 août à 17h30.

L'Homme du hasard
L’Homme du hasard © Fondation ABPi

Boehler attache une grande importance au dialogue avec le public. Il souhaite que ses œuvres suscitent des émotions, des interrogations, et qu’elles incitent chacun à trouver sa propre interprétation. C’est pourquoi des tables rondes seront organisées à l’issue des projections du film, offrant ainsi la rare opportunité d’échanger avec l’artiste, la curatrice, le distributeur et d’autres passionnés d’art.

Un film à ne pas manquer pour découvrir la vie de cet artiste et comprendre les interrelations entre son art et sa vie non pas toujours simple. De son petit canal (d’Alsace) où il se jetait avant d’y déverser de la peinture (volée) à son succès artistique, le sublime film touchant et émouvant dépeint avec finesse Joe Boehler et le processus créatif d’un artiste complet.


Informations pratiques :

Diffusions du documentaire :

  • Musée océanographique le 23 août à 17h30
  • Grimaldi Forum, Salle Genevoix, le 24 et 25 août à 17h30

Exposition :

  • Salon Art3f, Chapiteau de Fontvieille du 23 août à partir de 16 heures au 25 août jusqu’à 19 heures

Article écrit par Théo Briand