Course-poursuite à Monaco : interpelé, un homme mord un policier après avoir chuté de son scooter ivre et sans casque
L’homme au passé trouble a écopé d’une peine de prison lourde.
Rébellion, fuite, outrage, circulation en sens interdit, non port du casque, conduite en état d’ivresse… Les infractions se sont multipliées pour ce jeune père. Le 11 septembre, à 7h34 du matin, un homme sans casque surgit à scooter de la rue Bel-Respiro et emprunte la rue Paradis en sens interdit, près du lycée FANB.
Manque de chance pour lui, deux policiers se trouvent précisément à cet endroit pour assurer la sécurité des lycéens. Voyant le scooter, ils lui font signe de s’arrêter. Selon la déposition, l’homme leur aurait répondu qu’il ne pouvait pas s’arrêter car il était interdit de séjour sur le territoire.
Les policiers engagent alors une course-poursuite à pied, rapidement rejoints par un troisième collègue. Pendant sa fuite, le conducteur percute une jardinière, chute de son scooter et tente de s’échapper en courant. Cependant, il est rattrapé par les agents qui tentent de le maîtriser.
Mais le prévenu ne se laisse pas faire. Il se débat violemment et va jusqu’à mordre l’un des policiers. Insultes et menaces s’enchaînent : « Fils de p*** », « Quand je sors, je te fume ».
Lors de l’audience, le juge Florestan Bellinzona lui demande pourquoi il a réagi de cette manière. Encore agité, l’accusé répond : « On m’a torturé, étranglé, violenté, ça ne m’a pas rendu aimable. »
Passablement agacé, le juge poursuit : « Vous savez que vous êtes interdit de séjour à Monaco. Que faisiez-vous en Principauté ? » Penaud, l’homme explique qu’il avait passé la soirée chez une amie et y avait dormi. Il ajoute : « Je voulais me sauver pour ne pas perdre le scooter. C’est un scooter que je viens d’acheter. Finalement, j’ai tout perdu, c’est terrible. Je suis désolé, j’ai tort. »
Deux des policiers présents, se sont portés partie civile et ont demandé des dommages et intérêts : 1000 € pour l’un et 1500 € pour celui qui a été mordu.
Un parcours de vie difficile
Le parcours du prévenu n’est pas simple. Peintre dans le bâtiment, il avait été contraint de retourner chez sa mère, sa location étant louée l’été aux touristes. Son casier judiciaire est long : 27 condamnations pour vols, recels, violation de domicile, conduite sans permis et détention de stupéfiants. Le juge en fait une lecture détaillée, pendant que le prévenu, l’air grave, garde les yeux rivés au sol. À seulement 37 ans, il a déjà passé 12 ans derrière les barreaux.
« Parfois, je me frappe tout seul. Je comprends que j’ai besoin d’aide. Franchement, même moi je n’en peux plus, » confie-t-il. « Depuis tout petit, on m’a frappé. » Il essaie de se justifier : « J’ai un passé difficile qui peut me rattraper, mais j’ai grandi. Aujourd’hui, je me sens mieux. Je paye mes factures, mes impôts. Je pense être quelqu’un de respectable maintenant. »
Sa dernière condamnation à Monaco remonte à 2017 pour trafic de stupéfiants. Ce dernier passage en prison et la naissance de sa fille l’avait incité à se ranger.
Dans ses réquisitions, la procureure tient compte de ce passé compliqué. Elle « ne souhaite pas gâcher sa réinsertion faite depuis 2017 » mais veut protéger la population de Monaco. Elle regrette que la loi monégasque ne permette pas de le condamner pour mise en danger d’autrui et qu’aucun stage de sensibilisation à la violence n’existe en Principauté. Pour toutes ces raisons, elle requiert quatre mois de prison dont trois avec sursis, et une interdiction de conduire à Monaco pendant cinq ans.
Sentence lourde
Le tribunal ira cependant au-delà des réquisitions. Le prévenu est condamné à neuf mois de prison ferme, à une interdiction de conduire pendant cinq ans à Monaco, à deux amendes de 45 €, ainsi qu’au versement de 1500 € et 1000 € aux deux policiers.
« La solution, c’est à moi de la trouver, » a soupiré le prévenu en guise de conclusion lors de sa défense.