Vintimille : Une population impatiente de voir des changements dans leur ville
Les habitants attendent avec impatience l’arrivée des grands projets mais espèrent au moins que la passerelle soit reconstruite dans les plus brefs délais après sa destruction, il y a quatre ans.
Depuis plusieurs années, les nouveaux projets immobiliers pour transformer Vintimille ne cessent de fleurir dans la ville la plus occidentale de la Riviera des fleurs. Le fer de lance d’entre eux n’est autre que le port de Monaco, inauguré en juillet 2021. S’en est suivi une longue liste de projets en cours, à l’état d’ébauche ou encore de rêve.
Les plus emblématiques sont ceux pensés par le résident monégasque Rob Thielen et sa société Marina Development Corporation autour du port monégasque avec le restaurant La Rocca et le complexe immobilier Borgo del Forte comprenant un hôtel 5 étoiles et des appartements de luxe. Un campus international est également prévu plus à l’est de la ville.
En avril, l’avancement de ces projets connaissait quelques remous au sein même du conseil municipal, une partie de l’opposition critiquant un manque d’intérêt pour les habitants de Vintimille. Dans une interview exclusive donnée à Monaco Tribune, le maire de Vintimille répondait aux inquiétudes et détaillait ses projets futurs.
Mais ces changements suscitent des réactions contrastées chez les habitants. Entre espoir d’un renouveau économique et crainte d’un tourisme de masse ravageur, les avis sont partagés.
Des projets ambitieux mêlés à l’espoir
Questionnée sur l’arrivée de ces nouveaux projets, Barbara, bijoutière en centre-ville estime que « c’est une bonne chose ! Ils apportent assurément un certain prestige à la ville ». Elle espère cependant qu’ils « continuent à se développer » mais reste confiante sur l’attrait dans sa boutique d’une nouvelle clientèle après la construction des hôtels 5 étoiles.
Un sentiment partagé par Renato, fleuriste dans le très couru marché couvert de la ville, qui voit dans ces projets une opportunité de développement économique. Malheureusement, une légère amertume se fait ressentir : « le port est une bonne chose parce qu’il a été achevé ! Tout le reste est encore un peu en suspens, le campus aussi est à l’arrêt. On ne sait donc jamais s’il va commencer ou quand il sera livré. Sinon, pour le reste, nous sommes un peu à la ramasse dans tout ce que nous faisons. Je suis désolée de le dire, mais c’est comme ça… » Le fleuriste serait pourtant ravi de voir un campus en ville : « Ce serait une bonne chose, d’autant plus qu’il s’agit pour le moment d’un espace fermé, inerte et laid. Ce serait bien pour la ville et pour les jeunes qui veulent étudier ou rester. »
La ville veut continuer à vivre du commerce minute, stimulé par les Monégasques et les Français
Ce sentiment d’inachevé est partagé par de nombreux habitants qui, comme Emanuele, « espère de tout cœur que les travaux puissent commencer. » « J’ai du mal à croire qu’ils puissent faire toutes ces choses », peut-on lire sur internet. « Ça ne se concrétisera jamais », pense Mariangela.
Danila, quant à elle, désespère à l’idée que ce ne soit encore que des projets inachevés comme tant d’autres. « Il est certain que Vintimille devrait bénéficier d’un renouvellement, mais je n’y crois que très peu », commente-t-elle avant d’expliquer désabusée que de toute façon, « la ville veut continuer à vivre du commerce minute, stimulé par les Monégasques et les Français. »
Mais au moins la passerelle…
Si les grands projets paraissent trop ambitieux aux yeux de certains, les habitants espèrent au moins que la passerelle, détruite par la tempête Alex, soit construite dans les plus brefs délais. « Mais au moins la passerelle… ! » s’exclame un lecteur. Une autre écrit ironiquement : « Un jour, nous verrons la passerelle », « songe d’une nuit » commente Carla.
Quel tourisme pour Vintimille ?
Le type de tourisme est au cœur des débats. Si Renato est convaincu que « dans la masse des touristes, quelqu’un achètera bien quelque chose », Barbara, qui tient un petit restaurant dans le centre-ville, est vent debout contre ces projets qu’elle considère comme de la « spéculation ». Elle redoute un tourisme de masse « qui n’apporte rien » et qu’elle accuse « d’exploiter les gens pour le seul profit des millionnaires. » Pour elle, un autre type de tourisme est possible pour Vintimille, grâce notamment à tout ce qu’offre la ville à travers son environnement comme « les randonnées, le canoë, les sports à voile etc. » Elle rêve de prendre exemple sur le succès du slow tourism dans le Piémont italien qui a su allier tourisme et respect de la nature.