L’intelligence artificielle : un game-changer pour le secteur financier
Bien utilisée l’Intelligence Artificielle (IA) peut faire gagner en productivité et en rentabilité, en particulier dans le secteur de la finance qui dispose déjà de nombreuses données facilement fructifiables par l’IA.
Cela n’aura échappé à personne, l’intelligence artificielle chamboule nos vies et devrait continuer durablement à modifier nos habitudes. Considérée par de nombreux experts comme une révolution industrielle, le secteur de la finance « est le client privilégié de l’IA après les boîtes tech. Ces entreprises sont celles qui vont le plus en consommer et le plus en bénéficier », a rappelé Frédéric Genta, Délégué Interministériel à l’Attractivité et à la Transition Numérique, lors du Wealth-Tech Summit donné hier au One Monte-Carlo portant sur : « Intelligence artificielle et investissement : les nouvelles frontières de la finance ».
Modéré par Patricia Cressot, présidente et co-fondatrice de Monaco Women in Finance (MWF), plusieurs invités sont intervenus à tour de rôle, parmi lesquels Robert Laure, président de l’AMAF ; Jean-Philippe Desbiolles, VP & Managing Director Financial Services and Generative AI Leader EMEA chez IBM ; Charles Thurat, Data & AI platform manager/ Project Director chez BNP Paribas Wealth Management ; Jean-Yves Oufrani, Cybersécurité & AI Manager chez MVE et Simon Weinberger, PhD, Managing Director, EMEA Head of Portfolio Management for Systematic Active Equity chez BlackRock
L’IA : un « game-changer » pour la finance
En novembre 2022, l’arrivée de ChatGPT a révolutionné les pratiques. Après le premier mois, un million d’utilisateurs l’avait adopté. Deux mois plus tard, ils étaient 100 millions.
Si la technologie promet une meilleure productivité et rentabilité dans plusieurs secteurs, notamment celui financier, cette évolution s’accompagne d’un « cortège de risques », comme l’a souligné Robert Laure. Parmi ceux-ci figurent des biais potentiellement discriminants dans les traitements, une opacité pouvant créer une dépendance ou des risques financiers et des risques de cybersécurité.
Vers un avenir probabiliste
Pour Jean-Philippe Desbiolles, l’arrivée de l’IA fait changer d’ère « d’un monde déterministe à un monde probabiliste. » La machine, tout comme l’humain, apprend et forme des résultats à partir de ses connaissances avec une dose d’incertitude.
Pour cette raison, « l’humain doit rester au centre de la boucle » pour Desbiolles afin d’encadrer et orienter les décisions de l’IA. En effet, bien que les progrès aient été considérables en matière de gouvernance et d’éthique, « il reste encore du chemin à parcourir. »
« L’IA c’est comme le surf. On n’arrête pas une vague, il faut apprendre à surfer dessus », explique l’expert de chez IBM. Selon lui, l’IA ne doit pas être perçue uniquement comme un outil mais comme un véritable « collègue » avec lequel il faut collaborer pour maximiser les résultats.
Aux prémices de l’IA, Desbiolles voit déjà l’arrivée de nouveaux modèles. Si aujourd’hui, nous n’en sommes qu’à une IA conversationnelle, la prochaine étape sera « l’agentic ». L’IA travaillera avec d’autres agents pour aboutir à un service avec une logique d’action et non plus seulement d’interaction. A moyen terme, le quantique prendra la relève et mettra la binarité et les mathématiques au placard.
L’IA, ce collègue dans la finance atypique qui se révèle bien utile
L’IA dans le secteur bancaire est en plein épanouissement. Charles Thurat y voit de nombreuses applications notamment celle de libérer du temps aux banquiers, leur permettant ainsi de se concentrer davantage sur la relation qu’ils entretiennent avec leurs clients. L’IA se voit attribuer les tâches les plus simples et rébarbatives comme l’écoute de conversation pour y repérer les ordres à effectuer.
L’IA c’est aussi une exceptionnelle source de savoir à intégrer dans son entreprise. Là encore, telle une super collègue, elle peut renseigner aux employés les règles de la société pour toujours être en conformité, c’est d’ailleurs ce que propose le logiciel de compliance de l’entreprise monégasque MVE.
Simon Weinberg, de BlackRock, a insisté sur la manière dont l’IA, notamment l’IA générative, peut « révolutionner l’investissement » en traitant une énorme quantité de données en quelques secondes, ce qui aurait pris des jours auparavant.
Un avenir collaboratif
Le rôle de l’IA dans la finance ne se limite pas à l’automatisation des tâches répétitives. Comme l’a expliqué Frédéric Genta, l’intelligence artificielle est le produit d’une accumulation massive de données et elle reflète les stratégies des différents pays : souveraineté technologique pour les États-Unis, protection des données pour l’Europe, planification pour la Chine.
Monaco, avec son agilité de petit pays, souhaiterait tirer parti de cette révolution. « Prenez quelques paris ! », a exhorté le délégué interministériel à l’attractivité et à la transition numérique en guise de conclusion.