Accident grave dans le tunnel du Canton : Le conducteur de la Porsche a été jugé
Un accident qui aurait pu tourner au drame. Ce samedi 14 décembre, en pleine nuit, une Porsche conduite par un chef d’entreprise a percuté violemment les parois du tunnel avant de s’enflammer.
À bord du véhicule, le conducteur et deux jeunes femmes ont échappé de peu au pire. Le conducteur a été jugé en comparution immédiate ce lundi 16 décembre dans l’après-midi pour des faits « simples, mais d’une extrême gravité » selon le président du tribunal. Les deux passagères ont été transportées au Centre Hospitalier Princesse Grâce. Le chauffard, conduisant sous l’emprise d’alcool, a été incarcéré en attente de sa comparution ce lundi.
À la barre, le prévenu, âgé de 42 ans, décrit une soirée qui devait être joyeuse, mais qui a viré au cauchemar. Chef d’une société de conseil, employant 30 salariés, à Monaco, il avait organisé un dîner de fin d’année avec son équipe dans un restaurant de la Principauté avant de poursuivre la fête au Sass Café. Rapidement, l’alcool a fait partie de la soirée : le prévenu présentait un taux de 1,25 mg/L d’air expiré, soit plus de deux fois la limite autorisée. Pourtant, malgré son état, il a pris la décision de conduire sa voiture de sport et de ramener deux jeunes femmes comme passagères.
« J’ai eu un comportement d’imbécile »
« Vous avez reconnu avoir bu une quinzaine de verres au cours de cette soirée, vous décidez quand même de rentrer chez vous. Pourquoi prendre le volant ? », a demandé le président, Jérôme Fougeras-Lavergnolle. « J’ai eu un comportement d’imbécile », admet l’accusé. « C’est une erreur monsieur le président, je n’aurai pas dû le faire. Je ne suis pas un habitué des boîtes de nuit. L’idée de cette soirée, était de fêter la fin d’une année compliquée avec mon équipe. J’aurai dû prendre un taxi. J’ai manqué de discernement » explique-t-il.
Des propositions qui n’ont pas manqué de faire réagir le président qui a déclaré : « C’est un miracle que vous soyez encore devant nous. C’est aussi un miracle de n’avoir percuté personne ».
Accélération et frayeur dans le tunnel
Les faits sont accablants. Selon le rapport de la police et les témoignages des deux passagères, le conducteur s’est lancé dans une série d’accélérations impressionnantes à travers les rues de Monaco et aurait franchi 8 fois la ligne continue. Il a effectué un tour de la ville à vive allure, une conduite qui a alerté ses passagères, qui lui ont demandé à plusieurs reprises de ralentir.
Mais dans le tunnel du Canton, à 3h30, tout bascule. Lancée à grande vitesse, la Porsche percute violemment les parois et se retrouve en sens inverse. La voiture prend feu quelques secondes après le violent impact. Le conducteur et les deux jeunes femmes parviennent à sortir du véhicule avant qu’il ne soit entièrement ravagé par les flammes. Les trois miraculés ne souffrent que de blessures légères, mais les images du véhicule dans le tunnel ont glacé le tribunal.
Le procureur n’a pas manqué de soulever un détail troublant. L’homme aurait refusé catégoriquement l’assistance du voiturier du club. Ce dernier lui proposait de rentrer en taxi, mais le chauffard s’est montré réticent. Une fois les clés en main, il aurait proposé de raccompagner deux jeunes femmes, qui ont d’abord hésité avant de rentrer dans le véhicule.
La gravité des faits impose une peine exemplaire, selon le procureur : « il faut mener une politique dure contre ce type de délinquance ». Le prévenu avait à maintes reprises la possibilité de ne pas prendre la voiture mais, il a préféré offrir « une démonstration de virilité ».
Pour sa défense, l’avocat du prévenu, Maître Zabaldano, s’est dit « choqué par le ton employé ». Il a rappelé que son client n’avait jamais eu de problème judiciaire auparavant. Selon lui, ce comportement ne reflète en rien la personnalité de cet homme d’affaires, connu pour son implication dans sa société. « En effet, les faits sont graves, mais il faut les apprécier à sa juste mesure. Il n’a pas su faire preuve de discernement. Ce n’est pas un délinquant habituel. Il reconnaît et assume sa responsabilité. Il est capable de comprendre le message ». L’avocat a soulevé un autre point : après l’accident, le prévenu est allé détacher la passagère à l’arrière : « Il est allé sauver la vie de cette jeune fille, il savait que c’était de sa faute. Je ne vais pas en faire un héros, mais je ne suis pas convaincu que la sévérité de la peine s’adresse à lui », ajoute-t-il.
Une peine aménagée
Après deux heures de débat, la sentence tombe. Le tribunal a condamné le monégasque à une peine de six mois de prison, dont cinq avec sursis ainsi que d’une amende de 10 000 euros et 45 euros pour défaut de maîtrise du véhicule. Son permis de conduire a été annulé avec interdiction de repasser l’examen pendant un an. Le mois de prison ferme fait l’objet d’un aménagement de peine, ce qui lui évite une incarcération immédiate.