Fermeté et répression, Monaco s’attaque à l’excès de vitesse et l’alcool au volant
Le gouvernement a réagi fermement ce lundi 16 décembre suite à deux graves accidents de la route survenus le week-end dernier, impliquant l’alcool et vitesse excessive.
« Nous sommes ici pour alerter, pour crier, pour dire que nous sommes enragés. Ça suffit, stop ! », a déclaré le ministre d’État Didier Guillaume, ce lundi 16 décembre, à midi, dans les bureaux de la Sûreté publique. Le ministre d’État, entouré de hauts responsables dont Lionel Beffre, le ministre de l’Intérieur, a annoncé plusieurs mesures pour renforcer la sécurité routière.
Dans la nuit du vendredi 13 décembre au samedi 14 décembre, un véhicule a pris feu sur la bretelle d’accès au tunnel du Canton. Le conducteur, qui affichait un taux alarmant de 1,29 mg d’alcool par litre d’air expiré, s’en est sorti indemne, mais ses deux passagères ont été hospitalisés, souffrant d’incapacités de travail respectives de 7 et 15 jours. À peine 24 heures plus tard, un nouvel accident, sous le tunnel Louis-II, a impliqué un conducteur en excès de vitesse qui roulait à contresens. Le choc a envoyé l’un des passagers de la voiture percutée en urgence à l’hôpital.
Face à ces drames, les autorités monégasques seront intransigeantes : « Pour les fêtes de fin d’année, les contrôles vont être très accrus, avec beaucoup de fermeté », a indiqué le ministre. Les contrôles de la Sûreté publique vont s’intensifier notamment dans les secteurs identifiés comme sensibles, à savoir la Darse Sud, quai Jean-Charles Rey et Larvotto. Les forces de l’ordre cibleront l’alcoolémie et la vitesse. « Monaco ne peut pas devenir le terrain de jeu de chauffards ivres en mal de sensations fortes », a-t-il ajouté.
Dès aujourd’hui, des discussions auront lieu avec les établissements de nuit vendant de l’alcool et les chauffeurs de taxis pour les impliquer dans l’effort collectif : « Il y a la possibilité de se faire aider », rappelle le ministre. Le gouvernement a également prévu la distribution de flyers dans les bars et les restaurants afin de rappeler les consignes de sécurité et de donner des solutions comme les navettes et les taxis. Une campagne de sensibilisation choc sera également déployée dans les jours à venir afin d’éveiller les consciences.
« Noël ne peut pas être la période de l’hôpital et de la mort »
La Principauté entend allier prévention et répression pour assurer que Monaco reste un lieu de fête et de joie, sans mettre en danger la vie de ses habitants et de ses visiteurs. « Ça ne peut pas continuer comme cela. Noël ne peut pas être la période de l’hôpital et de la mort », a signalé Didier Guillaume. Le ministre de l’Intérieur, Lionel Beffre, a expliqué qu’un projet de loi sera présenté dans le mois à venir.
Ce texte visera notamment à multiplier les contrôles inopinés. Actuellement, ces contrôles ne peuvent être effectués qu’en cas d’accidents graves ou de signes extérieurs d’ivresse. La future loi permettra des vérifications systématiques. Ce projet de loi verra également la création d’un délit de « mise en danger délibérée d’autrui ». Ce délit permettra de sanctionner les comportements à risque même en l’absence d’accident. Enfin, ce texte prévoit de renforcer les sanctions. Actuellement, les peines sont jugées insuffisantes : « 35 euros d’amende ce n’est pas très dissuasif pour les véhicules ultra puissants », ont-ils expliqué.
En effet, à l’heure actuelle, un excès de vitesse de 30 km/h est sanctionné par une amende de 75 euros, ou de 35 euros si elle est payée immédiatement. Pour un dépassement de 50 km/h, l’amende est de 200 euros (ou 100 euros immédiatement). Les conducteurs alcoolisés encourent entre un et six mois de prison. Ces peines devraient être augmentées pour être plus dissuasives.
Des radars tronçons dans les tunnels
Autre mesure phare : tous les tunnels de Monaco seront équipés de radars tronçons. Aucun détail précis n’a été donné quant à la date d’installation, mais cette mesure visera à réduire la vitesse excessive et à éviter les accélérations dans ces zones critiques.
Camille Gottlieb, la présidente de l’association « Be Safe », également présente à l’annonce des mesures, a insisté sur l’importance de la prévention : « Il n’y a pas assez de prévention. C’est la responsabilité de tous de ne pas laisser les personnes qui ont bu reprendre la voiture. Ni de monter dans la voiture d’une personne qui a bu. Les navettes sont là pour amener les gens en toute sécurité. Avec Be Safe, on ne compte pas s’arrêter là ». Avec son initiative, elle plaide pour un travail conjoint entre citoyens, établissements et gouvernement pour garantir des solutions de retour sûr, comme les navettes.