Un homme jugé pour menaces de mort envers le personnel médical de Monaco

Ce mardi 11 février au tribunal de Monaco, Monsieur V s’est présenté à la barre pour répondre de menaces de mort proférées à l’encontre du personnel de « la Roseraie », établissement de soins psychiatriques de la Principauté.
Les faits remontent au 30 mai 2023, lorsque cet homme, Monégasque et sans emploi, sous traitement psychiatrique, avait agressé au téléphone deux membres du personnel soignant.
Il aurait notamment déclaré : « (prénom du personnel), je vais te tuer, toi et ta famille. Tu ne sais pas de quoi je suis capable ». Quelques minutes plus tard, un autre membre du personnel reçoit un appel. La conversation dégénère rapidement, et Monsieur V lui lance : « Je vais te fumer, je vais te coudre la bouche avec du fil barbelé ». Face à ces propos, les soignants, très choqués, décident de porter plainte. Le personnel connaît bien cet homme et redoute ses réactions et avait déclaré au moment des faits : « Je connais très bien cet individu, il a un potentiel de dangerosité. Il a décidé de ne plus venir se soigner de lui-même, il a failli assassiner sa mère, donc nous avons pris ses menaces très au sérieux. »
À la barre, Monsieur V tente d’expliquer son comportement. Depuis 2007, il dit être harcelé par les médecins pour prendre un traitement. Il attribue ses actes à l’arrêt brutal du traitement : « Il est beaucoup trop fort, je m’étais écroulé devant chez moi. Ma respiration s’est coupée, j’ai décidé d’arrêter avec l’accord d’un médecin, mais l’arrêt du traitement est brutal et entraîne des répercussions. Puis, j’ai été interné cinq mois. »
Le tribunal s’interroge. « Vous décidez d’arrêter un traitement psychotrope, et le médecin est d’accord ? » demande, dubitatif, le président.
Le prévenu explique qu’il aurait eu l’accord d’un médecin généraliste. Il a ensuite refusé de répondre sur la nature exacte de sa maladie, évoquant le secret médical, en déclarant simplement : « Je suis malade, j’ai une maladie ». On apprend cependant qu’il est suivi depuis 2007 pour des troubles psychiatriques et que son traitement inclut des antipsychotiques destinés aux troubles de la personnalité et à la schizophrénie.
Par ailleurs, au moment des faits Monsieur V était sous l’emprise d’un état alcoolique. Ce dernier a confirmé ce fait au tribunal en justifiant qu’il déjeunait avec des amis ce jour-là, mais « qu’il ne se souvient pas ». Quand les policiers sont arrivés, il tenait un verre à la main.
« Vous pouvez commettre l’irréparable »
Monsieur V n’en est pas à sa première comparution en justice. Son casier judiciaire fait état de plusieurs condamnations. En 2015, par exemple, il avait été arrêté à Nice pour conduite sous emprise de l’alcool. En 2016, conduite sous emprise de l’alcool et refus d’obtempérer. Il a également été condamné à huit mois de prison avec sursis.
Lorsque la procureure prend la parole, elle affirme la dangerosité de son comportement sans traitement : « Ce n’est pas la première fois que vous vous en prenez à des gens de la Principauté. Vous avez déjà menacé des pompiers, le CHPG et des membres de la Roseraie. Vous souffrez d’une maladie mentale. On ne peut pas admettre qu’une personne ne se soigne pas et devienne un danger pour soi et les autres. Vous étiez en phase de décompensation lorsque vous avez arrêté votre traitement », et rappelle la peur ressentie par le personnel médical.
Elle ajoute que, lors de sa garde à vue, Monsieur V avait reconnu avoir interrompu son traitement sans l’accord d’un médecin. « Vous savez que vous êtes malade et vous pouvez commettre l’irréparable. Ce traitement est nécessaire pour contenir vos agissements », elle requiert une obligation stricte de soins sous peine de dix jours d’emprisonnement.
L’avocat de Monsieur V a ensuite défendu son client : « Je n’ai jamais entendu parler de Monsieur V avant qu’il soit mon client. Le jour de son arrestation, il n’était pas en état de s’exprimer clairement, car il était, en effet, en phase de décompensation. » Il demande la relaxe, arguant que l’accusation manque d’éléments probants. « Aujourd’hui, il est parfaitement intégré à la société, soyez indulgents si vous devez entrer en voie de condamnation. »
Avant la délibération, le prévenu a tenu à s’exprimer une dernière fois : « Les six années de prise en charge n’ont pas marché, c’était un échec. Aujourd’hui, je suis suivi par un psychiatre, il a ma confiance et ça se passe très bien. »
Lors du verdict, le tribunal le reconnaît coupable en prenant en compte son état de santé. Il est condamné à un mois d’emprisonnement avec sursis et placé sous le régime de la liberté d’épreuve pendant trois ans, avec une obligation de suivre son traitement et de justifier régulièrement son suivi par des psychiatres.