Violences conjugales : Un homme condamné à six mois de prison avec sursis
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Il a été jugé pour avoir causé des blessures à son épouse, qui a entamé une procédure de divorce, dont il a affirmé ne pas avoir eu connaissance avant son audience.
Le 18 février 2025, un homme né en 1970 a comparu à la barre du tribunal de Monaco pour des faits remontant au 15 septembre 2024. Il était jugé pour avoir causé des blessures à son épouse, avec qui il a une fille âgée de 26 ans.
Le prévenu, inconnu de la justice monégasque, travaille en tant qu’ingénieur informatique à Monaco. Lors de l’audience, il a déclaré ne pas consommer d’alcool, de tabac ou de drogues. Séparé de son épouse, il vit aujourd’hui dans un studio à Beausoleil, tandis que sa fille est restée au domicile familial.
En septembre 2024, la mère de la victime a alerté les secours après une dispute conjugale qui a conduit sa fille aux urgences. Elle aurait été violemment poussée par son époux et aurait chuté sur la tête, occasionnant un traumatisme crânien et de multiples fractures. Une ITT (incapacité totale de travail) de plus de 40 jours lui a été délivrée. Devant le tribunal, le président a qualifié d’« impressionnantes » les photos des blessures de la victime.
Appelée à la barre, la victime a décrit les événements : « Il a commencé à se lever violemment de son siège. Je suis rentrée dans les toilettes, il a tapé la porte de la salle de bain. Il s’est dirigé vers la cuisine, énervé suite à une réflexion. Je voulais terminer mes tâches ménagères. Je me suis sentie propulsée. Je n’ai pas eu le temps de me protéger. Je me trouvais à deux mètres de la porte, il avait conscience de me faire du mal quand il m’a poussée. » Elle a également décrit une douleur violente lors de l’impact. Le tribunal a relevé qu’elle souffrait déjà de dystrophie du bras et lui a demandé comment elle allait aujourd’hui. Elle explique qu’elle a encore mal aux cervicales et qu’elle a entamé des séances de kinésithérapie.
Interrogé par le tribunal, le prévenu a nié les faits. Pourtant, face à la police, il avait déclaré : « C’est moi qui l’ai poussée, j’assume ». À son tour, il explique sa version des faits : « Je l’ai prise par les épaules, je voulais qu’elle aille dans une autre pièce pour finir de râler ». Lorsque le président du tribunal lui a demandé s’il reconnaissait l’avoir poussée, il a répondu : « Pas violemment. »
Lorsqu’il a appelé les pompiers, l’accusé avait déclaré : « On s’est disputés et elle est tombée. J’irai en taule et c’est bon ». Puis, dans un message à sa fille, il écrivait ensuite : « Merde à la maison. J’ai poussé ta mère qui a chuté et s’est ouvert le crâne. Les pompiers à la maison. »
Le procureur a insisté sur la gravité des violences conjugales : « Sur les dix, vingt dernières années, les violences conjugales sont prises très au sérieux. Nous souhaitons ne rien laisser passer. C’est un couple qui est arrivé à son terme, qui s’agace (…) lorsqu’on pousse quelqu’un, cela va avoir des conséquences. Il se rend compte de ses actes, puisqu’il a le réflexe d’appeler les pompiers. Ce couple-là dysfonctionne, mais ça ne justifie rien des faits de violences. Monsieur veut contrôler Madame, car ça en est trop. Dans ce cas, on s’en va (…) il y a ici le comportement de quelqu’un qui fuit ses responsabilités ». Il a requis huit mois d’emprisonnement avec sursis et une obligation d’indemniser la victime.
« Je suis terrorisé »
L’avocat du prévenu a développé une longue plaidoirie visant à complexifier la situation. Il a mis en avant les tensions au sein du couple et le témoignage de leur fille, qui aurait décrit une mère autoritaire et nerveuse : « Mon père n’a jamais poussé violemment ma mère en ma présence. Pour les violences morales, je dirais que c’est moi et mon père qui sommes victimes. Elle ne se rend pas compte de sa nervosité ». Lorsqu’elle décrit son père, elle raconte : « C’est une personne très dans la retenue. Il essaye de faire ce qu’il faut pour qu’on ne manque de rien. Très empathique, contrairement à ma mère qui ne se préoccupe pas des autres ». L’avocat a souligné « le climat de terreur que fait peser la plaignante à son domicile ». Il a également cité quelques déclarations de son client, présent dans le dossier, où il affirme : « Elle a pris le pouvoir, tout ce que je faisais à la maison était contesté. Je n’ai pas le droit de prendre ma serviette dans le placard. Je suis terrorisé. » Et a ajouté une déclaration de la jeune fille : « Ma mère traite mon père de petit con. Elle m’a même traité d’ordure ou de salope lorsque j’ai eu mon premier rapport », avant de conclure : « Il s’agit ici d’un homme et d’un enfant soumis et d’une femme qui a tous les pouvoirs. On n’a pas à faire à une victime idéale dans ce dossier (…) on sent bien qu’il veut protéger sa fille contre les abus de sa mère. »
À la fin de sa plaidoirie, il demande la relaxe de son client ou, à défaut, l’absence de mention sur son casier judiciaire.
Le prévenu, après avoir entendu la plaidoirie, n’a rien ajouté à sa défense. Le tribunal l’a reconnu coupable et l’a condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis. Il a toutefois accédé à sa demande de non-inscription au bulletin n°2 de son casier judiciaire. Sur le plan civil, le tribunal a reconnu la constitution de partie civile de la victime.
En prononçant la peine, le président du tribunal a déclaré : « C’est une peine d’avertissement. »