Récit

Violences conjugales : Un homme jugé pour avoir fracturé le pied de son épouse

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©Monaco Tribune

Le 18 mars, le tribunal de Monaco a jugé une affaire de violences conjugales impliquant un avocat britannique de 75 ans, Monsieur John. Accusé d’avoir volontairement blessé son épouse lors d’une dispute.

Monsieur John, avocat britannique né en 1950 à Londres, comparaissait devant le tribunal pour des faits de violences sur son épouse, une femme d’origine marocaine résidant à Monaco. Après 25 ans de mariage et deux enfants, leur relation semblait s’être détériorée au fil des années, entre tensions, disputes récurrentes et soupçons d’infidélité.

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Le premier incident majeur remontait au 7 avril 2024. Ce jour-là, son épouse avait porté plainte après une dispute particulièrement violente. Selon elle, son mari s’était emporté et l’avait menacée avec un couteau de cuisine. Une dispute verbale avait dégénéré en altercation physique, avec au moins un coup porté. Si cet épisode était mentionné dans le dossier, le tribunal a précisé qu’il ne faisait pas l’objet des poursuites actuelles.

À la suite de cet événement, le couple s’était séparé, et l’épouse avait demandé une ordonnance d’éloignement à l’encontre de son mari. Malgré cette mesure, Monsieur John était resté dans leur cercle familial, assurant ne pas avoir été informé de l’interdiction de contact.

Le 19 mai 2024, une nouvelle dispute éclate entre eux. Cette fois-ci, elle a pour origine une somme de 5 000 livres sterling en liquide, que l’épouse aurait prélevée dans un tiroir sans en avertir son mari. Cet argent, selon l’accusé, était destiné à un usage précis à Londres. L’épouse, elle, affirme l’avoir utilisé pour payer des frais médicaux de sa sœur au Maroc.

Ce différend financier a rapidement tourné à l’affrontement. Selon la version de l’épouse, son mari, pris de colère, lui aurait volontairement écrasé le pied, provoquant une fracture et une incapacité totale de travail de cinq jours. Déjà opérée à cet endroit, la douleur aurait été insupportable pour elle.

Monsieur John, lui, affirme qu’il s’agissait d’un accident et qu’il n’avait aucune intention de blesser son épouse. À la barre, il adopte une posture défensive, niant catégoriquement toute violence intentionnelle. « Je n’ai jamais voulu lui faire de mal ».

Son épouse, elle, campe sur ses positions. Le tribunal examine alors le certificat médical établi après les faits, qui confirme une fracture et des contusions.

Le procureur se montre sceptique face aux explications de l’accusé. Il évoque une emprise conjugale, faite de violences verbales et psychologiques, mais aussi financières. « J’espère que vous ne serez pas dupe par ce monsieur. Il s’agit de violences qui sont compensées par un confort financier, donc une emprise financière qui est totale et qui ne permet pas à madame de s’exprimer ». Le magistrat a dressé un historique des violences supposées au sein du couple. En 2018, une altercation physique signalée, en 2021, une nouvelle bousculade, en juin 2023, l’épouse appelle la police à Monaco pour signaler une dispute, en avril 2024, une plainte pour coups dans les côtes. Le magistrat relève également que l’un des fils du couple a constaté « des violences récurrentes. »

Le procureur voit dans cette escalade de tensions une montée en puissance inquiétante et qualifie Monsieur John de « tyran ». Il a requis une liberté d’épreuves et une obligation de soins.

En effet, lors de l’audience, le tribunal s’est intéressé également à la personnalité de l’accusé. Il est révélé que celui-ci a eu des antécédents d’addiction à l’alcool, ce qu’il conteste vivement : « C’était il y a 15 ans. L’alcool n’a rien à voir avec cette affaire ». Il explique avoir suivi un programme de rééquilibrage en Écosse pour reprendre le contrôle de sa vie. Le tribunal note également que Monsieur John n’a jamais été condamné ni en France, ni à Monaco, ni en Angleterre. Il insiste sur ce point, soulignant que sa profession d’avocat ne lui permettrait pas d’avoir un casier judiciaire.

Monsieur John, qui a choisi de se défendre seul, monte au créneau dans sa plaidoirie finale : « La majorité de ce qui a été dit ici est de la pure fiction. Je suis un père et un mari dévoué. Il n’y a pas de tyrannie, et je n’ai jamais empêché ma femme d’accéder à l’argent. »

Il conteste fermement l’idée d’une domination sur son épouse et juge les accusations de violences exagérées. Il évoque une vieille fracture aggravée, plutôt qu’une blessure causée par un acte volontaire. Avant le délibéré, il conclut : « Je suis désolé si cela a été mal interprété, mais je n’ai jamais voulu lui faire de mal. »

Après la délibération, le tribunal décide finalement de prononcer la relaxe. Aucune peine ni sanction n’est retenue contre Monsieur John, mettant un terme aux poursuites.

Tribunal : Un homme controlé avec un couteau de 12 cm