Mélanie-Antoinette de Massy « Il n’y a aucun tournoi qui peut rivaliser avec l’hospitalité du Rolex Monte-Carlo Masters »

Premier tournoi de la saison sur terre battue, le Rolex Monte-Carlo Masters accueille chaque année, en avril, plus de 136 000 spectateurs durant 9 jours. La Présidente du tournoi et du Monte-Carlo Country Club, Mélanie-Antoinette de Massy, nous dévoile les coulisses de cet événement incontournable qui réunit les meilleurs joueurs du monde sur l’ocre monégasque.
L’édition 2025 du Rolex Monte-Carlo Masters vient tout juste de se clôturer ce dimanche, après l’éclatante victoire de Carlos Alcaraz dans le simple et le succès historique du duo franco-monégasque Manuel Guinard et Romain Arneodo dans le double.
Durant la semaine, nous avons échangé avec Mlle de Massy, notamment au sujet du prestigieux Court Rainier III, où se jouent les plus grandes batailles. Dans cette interview exclusive, découvrez les coulisses de l’organisation du prestigieux tournoi monégasque.

Le Court Rainier III est le terrain emblématique du tournoi. Pouvez-vous nous parler de son histoire ?
Notre court central, le Court Rainier III, existe depuis 1928, date de création du Monte-Carlo Country Club à son emplacement actuel. Sachant que l’origine du club, le club de tennis de la Principauté, a été créé en 1893. Il se trouvait à l’époque à côté de l’Hôtel de Paris, à Monte-Carlo. Puis, la SBM a voulu agrandir l’Hôtel de Paris donc le club a déménagé. Au début du siècle dernier, le club et le tournoi se sont installés à la Condamine, puis au Moneghetti, sur le toit des garages, où ça s’appelait le Tennis Club de la Festa. Au milieu des années 20, le tournoi commençait vraiment à prendre de l’ampleur donc il a fallu lui trouver un vrai emplacement définitif.
Le Monte-Carlo Country Club été inauguré en février 1928 en présence du Prince Louis II de Monaco et d’un parterre de têtes couronnées. Durant l’année, nous avons 23 courts et trois courts centraux. Le tournoi, au départ, se jouait sur ces trois courts. Le court principal, nous l’appelions le court central à l’époque. C’est en 2015, à l’occasion des 10 ans du décès du Prince Rainier, que ma mère, la Baronne de Massy, a voulu lui rendre hommage. Nous avons donc décidé de l’appeler Court Rainier III.
Nous avions organisé une cérémonie juste avant la cérémonie d’ouverture de la finale sur le court, le dimanche, avec l’orchestre des carabiniers du Prince et le Souverain lui-même. Ma mère et moi sommes descendues sur le court. Nous avons dévoilé la plaque Court Rainier III qui reste à l’année au Monte-Carlo Country Club.




Comment se déroule la transformation du Monte-Carlo Country Club pour accueillir cet événement international ?
Tout notre site, tout le Monte-Carlo Country Club se métamorphose pour accueillir le tournoi. Un peu comme Monaco se transforme pour accueillir les différents Grands Prix automobiles. Normalement, le montage commence mi-janvier, après les fêtes. Nous avons aujourd’hui cinq courts de compétition. Donc, il y a toutes les tribunes du Court Rainier III, du Court des Princes, du Court Elisabeth-Ann de Massy, du Court IX et du Court XI à monter.
Il y a une partie des gradins qui sont faits quasiment sur mesure, qui sont à nous, comme les portiques qu’il y a sous les tribunes, notamment celles côté mer pour le Court des Princes. Ça, c’est stocké chez nous, dans nos sous-sols à l’année. Et puis il y a d’autres gradins, comme par exemple la tribune du Court Elisabeth-Ann de Massy, qui fait un peu plus de 900 places, celle-là, elle est louée à la société LT Events. C’est une tribune qui est aussi sur la Fête des Citrons à Menton ou encore sur le Festival de Nice. Il y a certaines tribunes comme ça, peut-être un peu plus petites que celle du Court Rainier III, qui sont louées à LT Events, et d’autres qui ont été fabriquées pour nous où certaines parties vont être stockées chez nous et le reste chez la société qui les fabrique.
Il y a aussi le village public qui est en bas sur la route, le village commercial qui est sur nos courts I et II, et ce que l’on appelle le village VIP, qui est le village pour les partenaires et les clients des loges, qui se trouve sur les courts III, IV, V, VI. Tout cela prend énormément de temps à construire, mais beaucoup moins de temps à démonter. Il faut savoir que 12 jours après le tournoi, tous les 23 courts du Monte-Carlo Country Club sont jouables. En trois semaines, précisément 21 jours après la compétition, il n’y a plus une trace du tournoi.
Cette année, vous avez agrandi le site du tournoi. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette nouveauté ?
Pour la première fois, cette année, nous avons agrandi le site du tournoi de 35% en annexant le Monte-Carlo Beach. Il a fallu créer des passages, notamment des tunnels éphémères, des parois, etc, pour connecter les deux clubs, le Monte-Carlo Country Club et le Monte-Carlo Beach Club, afin d’en faire un seul site, une seule entité, le Rolex Monte-Carlo Masters.

Je suis très fière que l’on ait réussi à agrandir notre site de 35%. Ça n’a pas été simple à organiser mais ça a reçu un franc succès. Nous n’avons que des retours positifs des joueurs qui nous disent que nous avons le meilleur espace joueur du circuit, et que surtout, il n’y a aucun tournoi au monde qui possède un tel espace réservé à leur famille, leur entourage, et leur équipe. Les familles nous ont dit qu’ils n’avaient jamais vu ça sur le circuit. C’est fantastique, c’est paradisiaque. Il n’y a aucun tournoi maintenant qui peut rivaliser avec notre espace d’accueil pour les joueurs et leur entourage, nommé le Player’s Village.
Vous avez récemment baptisé le Court Elisabeth-Ann de Massy en hommage à votre mère. Pourquoi, et qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Nous souhaitions commercialiser la billetterie sur notre troisième court principal. Victimes de notre succès, nous sommes complets chaque année, de plus en plus tôt. Cette année, il a fallu quelques jours après l’ouverture de la billetterie pour être complets sur les trois derniers jours du tournoi. Et à la fin de l’année 2024, nous étions complets sur toute la semaine, quasiment tout le tournoi.
De plus, c’est un court très important pour nous parce qu’à l’année, c’est aussi le court où nous jouons nos rencontres de Coupe Davis. L’équipe nationale monégasque évolue sur ce court quand on joue à domicile. Nous y sommes donc tous très attachés. Pour ces raisons, il fallait absolument que l’on donne un nom à ce court.
En réalité, ça n’a même pas été une discussion parce que pour tous mes collaborateurs et moi, c’était une évidence de le nommer après ma mère, avec les 50 ans qu’elle a dédié au tennis monégasque. Pour tout ce qu’elle a fait pour le club, pour le tournoi, pour la Fédération Monégasque de Tennis, ça nous paraissait tout à fait normal de lui rendre hommage. On n’arrivait jamais à trouver le bon nom, à se décider. Je pense que c’était juste le destin, il fallait que ce soit nommé après elle.
La cérémonie était vraiment très émouvante. Je suis très touchée que les joueurs du tournoi, et ce n’était pas une obligation, soient là. On a eu presque une quarantaine de joueurs qui ont tenu à participer, dont les plus grands, presque tout le top 10. Plusieurs m’ont dit : « Courage, c’est fantastique de nommer le court après ta mère. Je suis tellement heureux d’être là, de pouvoir participer à cet hommage. » Certains étaient vraiment émus. Ça me conforte dans l’idée que finalement, le tennis, c’est vraiment une grande et belle famille.
J’ai ressenti tout l’attachement que les joueurs ont pu avoir à ma mère, à Monaco et à nous tous. Le Prince était également présent, il était très ému. C’était vraiment un moment court, mais intense. De belles images et un bel hommage pour ma mère.



En quoi le prestige du Court Rainier II et du Rolex Monte-Carlo Masters fait votre fierté ?
Je suis très fière de ce qu’on a pu réaliser ces dernières années en battant tous nos records, chaque année, au niveau des spectateurs sur site, mais aussi des spectateurs télévisuels et sur les réseaux sociaux.
Le Court Rainier III est le court central d’un Masters 1000, du Rolex Monte-Carlo Masters. Ça a toujours été le même court depuis le début. C’est le court où se joue la grande finale, où il y a la remise des prix. Donc évidemment, pour les joueurs, c’est un grand honneur, un privilège de pouvoir jouer dessus, en espérant bien sûr arriver jusqu’à la finale. Sur ce court, il y a eu des matchs, des combats j’ai presque envie de presque dire, absolument extraordinaires à travers toutes les décennies.