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Récit

Tribunal : Un père jugé pour des violences sur son fils

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©Monaco Tribune

L’affaire remonte au 15 septembre 2024, lorsque l’enfant s’est présenté à l’école avec des ecchymoses sur le corps.

Le 1er avril 2025, un homme né en 1980, originaire du Kazakhstan et gérant de société à Monaco, a comparu devant le tribunal pour des faits de violence à l’égard de son fils cadet, âgé de 10 ans. Les faits en question remontent au 15 septembre 2024, lorsque son fils est arrivé à l’école avec des ecchymoses sur son corps, notamment sur ses cuisses, son ventre et ses fesses.

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Le 8 septembre 2024, l’enfant, scolarisé à Monaco, a montré des marques suspectes à l’école. Après avoir été pris en charge par le personnel médical, il a expliqué que ses blessures étaient causées par des coups de ceinture infligés par son père, à la suite d’une « bêtise » qu’il avait commise, sans toutefois en préciser la nature. L’enfant a également précisé que ce n’était pas la première fois que son père avait recours à ce type de violence.

L’enquête a révélé que le père utilisait fréquemment une ceinture comme méthode éducative, la présentant comme un moyen de faire peur à ses enfants lorsqu’ils avaient enfreint les règles. Cependant, le prévenu a catégoriquement nié avoir utilisé une ceinture de cette manière, affirmant : « Jamais, jamais je ne fais ça. »

Les témoignages des deux autres enfants de la famille ont cependant révélé une autre réalité. Tous ont évoqué l’usage de la ceinture comme une menace régulière. Interrogé à ce sujet, le prévenu a maintenu son déni, refusant d’admettre qu’il avait utilisé la ceinture comme une méthode disciplinaire. Toutefois, le tribunal a relevé que ses enfants, notamment sa fille de 13 ans et son fils aîné de 17 ans, avaient tous décrit des scènes similaires où leur père sortait la ceinture et la posait sur la table en guise de menace. La fille de 13 ans a notamment témoigné : « Je n’avais jamais vu mon père aussi énervé ». Elle a ajouté qu’il semblait choqué de son propre comportement.

La mère de l’enfant a également confirmé dans le dossier que son mari avait utilisé la ceinture pour donner des fessées lorsqu’il était en colère.

Lors de l’enquête, la ceinture incriminée a été retrouvée parmi les affaires du prévenu. Ce dernier a finalement admis avoir effectivement utilisé la ceinture pour punir son enfant. Le tribunal a montré les photos des ecchymoses de l’enfant, et le prévenu a reconnu que ce n’était « pas une bonne méthode » d’éducation. Cependant, il a insisté sur le fait que son intention n’avait jamais été de faire du mal à ses enfants. Interrogé par le tribunal : « Vous pensez que c’est bon pour lui ? », le père a répondu : « Non, mais c’était pour le protéger. » Il a expliqué qu’il utilisait la ceinture pour « montrer la limite » à ses enfants, insistant sur le fait qu’il ne voulait que leur bien. Cependant, le tribunal a souligné que la violence physique, même motivée par l’intention de protéger, est inacceptable.

Le procureur a rappelé le parcours du prévenu, qui a perdu ses parents d’un cancer du poumon. Il a souligné que la découverte de ses enfants en train de fumer des cigarettes électroniques jetables avait ravivé chez lui des souvenirs douloureux. Face à cette situation, le prévenu, désemparé, aurait eu recours à ces méthodes disciplinaires violentes.

Le procureur a insisté sur la nécessité de sanctionner ces faits, soulignant que de telles violences étaient non seulement traumatisantes pour l’enfant, mais aussi une méthode inappropriée pour éduquer : « Il faut qu’il puisse progresser en tant que père », a-t-il déclaré. Il a requis une peine d’un an de prison avec sursis, avec mise en liberté d’épreuve et obligation de soins en se rendant chez un psychologue.

L’avocat du prévenu a souligné les difficultés personnelles de son client. Il a décrit un homme « qui a du mal à s’exprimer », mais qui, selon lui, a pris conscience de ses erreurs et cherche à s’améliorer. « Être parent n’est pas un métier facile, et il est difficile de ne pas faire de faute quand on est parent à plein temps », a-t-il argumenté. L’avocat a également souligné l’importance de l’affection familiale, précisant que le prévenu aime profondément ses enfants et qu’il n’agissait pas par malveillance, mais par incompréhension des méthodes éducatives appropriées. « La famille reste soudée », a ajouté l’avocat. « Peut-on vraiment dire qu’il est un mauvais père ? Il est présent, il s’occupe beaucoup de ses enfants. »

L’avocat a aussi lu une déclaration de l’enfant dans le dossier, dans laquelle il exprimait son désir de pardonner à son père : « Si papa me pardonne, je le pardonne. » Il a conclu en demandant à la justice de prendre en compte l’amour familial et l’effort du prévenu pour se réformer, et a proposé une liberté d’épreuve plutôt qu’une peine de prison. Aujourd’hui, l’enfant est revenu au domicile de ses parents.

Après délibération, le tribunal a reconnu le prévenu coupable des faits de violence à l’égard de son fils. Il a été condamné à un an de prison avec sursis, ainsi qu’à la liberté d’épreuve pendant deux ans, avec une obligation de soins.