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Interview

CFM Indosuez mise sur l’économie bleue : « l’innovation va résoudre des problèmes liés au développement durable »

Mathieu FERRAGUT 2025_©exPresso
Mathieu Ferragut, directeur général depuis six ans de CFM Indosuez © CFM Indosuez

Mathieu Ferragut, Directeur Général de CFM Indosuez et Directeur Général Adjoint du groupe Indosuez, détaille l’engagement pionnier de la banque monégasque dans le financement de l’économie bleue, un secteur qui nécessite des investissements massifs pour se développer durablement.

Monaco Tribune : CFM Indosuez s’investit depuis plusieurs années dans l’économie bleue. Pouvez-vous nous expliquer cette démarche ?

Mathieu Ferragut : CFM Indosuez est l’une des plus anciennes banques de la Principauté, avec 103 ans d’existence. 30% de nos actionnaires sont principalement des familles locales, ce qui fait de nous la seule institution bancaire à capital véritablement local, avec des clients directement concernés par ces problématiques. En 2020, nous sommes devenus partenaire de l’Institut océanographique dans le but de les aider à développer leurs actions en faveur de la protection de l’océan. Aujourd’hui, nous avons choisi de soutenir leur action à travers le Blue Economy and Finance Forum (BEFF) qui se tient à Monaco les 7 et 8 juin 2025. Notre soutien s’inscrit dans le cadre du projet sociétal de notre groupe, avec Crédit Agricole S.A., Crédit Agricole CIB et Indosuez, incluant CFM Indosuez.

L’économie bleue, thème central duBEFF, est en plein développement. Elle correspond à l’économie fondée sur les océans, les mers et les zones côtières. C’est une économie qui vise à la fois le développement économique et la durabilité environnementale.

Quels sont concrètement les secteurs concernés par l’économie bleue ?

Les acteurs se situent essentiellement dans le domaine de la pêche, l’aquaculture, le transport maritime, les biotechnologies marines… L’accélération de son développement passe nécessairement par l’apport de financements et de capitaux. C’est en cela que le secteur financier peut jouer un rôle clé. Les besoins de financement semblent aujourd’hui considérables…

Effectivement ! Robert Calcagno, Directeur général de l’Institut océanographique, estime que les besoins en financement de l’économie bleue devraient s’élever à environ 175 milliards d’euros par an. Seuls 25 milliards sont aujourd’hui mobilisés. C’est un besoin majeur que nous devons adresser localement à notre niveau.

Comment CFM Indosuez concrétise-t-elle cet engagement ?

Nous accompagnons nos clients qui le souhaitent vers des investissements, directs ou indirects, dans des domaines liés à l’économie bleue. Nous avons également financé des projets spécifiques. À Monaco, nous avons par exemple financé l’extension des infrastructures liées au système thalassothermique. Étant donné que nous utilisons les ressources marines pour produire de l’énergie, nous considérons que cela peut être qualifié de financement bleu.

Vos clients sont-ils réceptifs à ces investissements durables ?

C’est complexe car l’économie bleue n’est pas aussi visible que d’autres volets durables comme les projets d’économie verte auxquels nous sommes davantage habitués. Je dirais qu’il existe trois catégories de clients. Environ 20% d’entre eux ne s’intéressent absolument pas à ces questions. Certains vont même dans le sens inverse influencés par des discours climatosceptiques. Ensuite, entre 10 à 20% sont particulièrement investis dans cette voie, ils décident et agissent en conséquence.

Le panel le plus important représente 50 à 60% de clients qui n’ont pas encore conscience des enjeux. Ils ne savent pas quel impact ils pourraient avoir ni si cela a un sens économiquement. C’est avec ce groupe que nous travaillons le plus pour apporter de la transparence.

De manière générale je dirais que c’est la jeune génération qui est la plus sensible à cette question. Cela fait partie intégrante de sa façon de penser, ce qui nous indique que nous prenons le bon chemin.

Comment mesurez-vous l’impact de ces investissements ?

L’économie bleue est très peu réglementée, il est donc difficile de mesurer l’impact quantitativement. Nous avons donc choisi d’orienter nos clients vers des projets très clairement identifiés. Par exemple, nous contribuons au Conservatoire Mondial du Corail avec le Centre Scientifique de Monaco. L’un des objectifs est d’identifier toutes les espèces de coraux dans le monde et d’en assurer le suivi pour les préserver.

Quel rôle l’innovation et les start-ups ont-elle à jouer dans cette stratégie ?

Elles jouent le rôle de moteur d’idées. Pour les soutenir nous avons développé plusieurs initiatives. L’Institut océanographique, au côté d’autres partenaires, a créé le Monaco Ocean Protection Challenge, qui sélectionne en particulier de jeunes entreprises actives dans la protection des océans. Nous en sommes le principal partenaire. Pour le lauréat du prix Coup de Cœur CFM Indosuez, nous offrons à un accompagnement d’un an par notre incubateur du groupe Crédit Agricole, le Village by CA.

Nous avons également une plateforme appelée Startup Connections by Indosuez Wealth Management, où nous mettons en relation des start-ups avec nos clients investisseurs intéressés par leurs projets.

Quel est votre regard sur l’avenir de l’économie bleue ?

Je suis convaincu que l’innovation permettra de résoudre bon nombre des problèmes liés au développement durable. Ce ne sont pas seulement les actions ou les réglementations qui comptent, c’est vraiment l’innovation.

À Monaco, notre position géographique et l’engagement du Prince Albert II, et de sa fondation nous placent dans une situation idéale pour continuer à nous développer dans ce secteur d’avenir.